Double peine pour la Porte Ouverte Chrétienne de Mulhouse

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Alors que tous les regards sont tournés vers la Porte Ouverte Chrétienne de Mulhouse, un témoignage relayé par l’économiste Liliane Held-Khawam évoque un cas avéré de coronavirus en décembre 2019 à Colmar.

L
e 20h de France 2 a voulu retracer dimanche « le fil de développement de l’épidémie ». Laurent Delahousse demande « comment et où a débuté cette crise » et comment elle s’est « diffusée désormais dans une grande partie du territoire ».

Pour ce faire, un reportage évoque le rassemblement de la Porte Ouverte Chrétienne de Mulhouse, présenté comme « un rassemblement qui aurait en fait largement diffusé le COVID-19 dans toute la France », en s’appuyant sur les propos de Christophe Lannelongue, directeur régional de l’ARS du Grand-Est. Ce dernier évoque « une espèce de bombe atomique qui nous est tombée dessus ».

« Au moment du rassemblement fin février, l’épidémie parait encore sous contrôle. Une seule victime a été recensée en France. Aucun geste barrière n’est alors recommandé. [...] À l’entrée de l’église, aucun registre, aucune inscription, les participants repartent librement chez eux dans toute la France. Et très vite, de nombreux cas suspects apparaissent chez les fidèles et dans leur entourage. Une infirmière de Strasbourg aurait ainsi contaminé 250 de ses collègues. Trois retraités corses auraient également diffusé le virus à Ajaccio et certains fidèles sont repartis contaminés jusqu’en Guyane. »

La journaliste évoque alors le standard du SAMU de Mulhouse qui « explose comme jamais », avec « 1000 appels par jour, le double de la normale ». Notons, comme le rappelle France Inter, que l’ARS Grand-Est et la Préfecture avaient alors appelé les participants à contacter les autorités sanitaires.

Le 2 mars, c’est le cas d’un chrétien de Nîmes qui permet de faire le lien avec la Porte Ouverte Chrétienne. Le reportage de France 2 cite alors à nouveau Christophe Lannelongue.

« Des malades commencent à arriver dans un état grave. Dans un monde idéal, il aurait fallu aller vers un confinement de masse dès la réception de l’alerte d’Occitanie. »

Le confinement national a été annoncé le 16 mars par le président Macron et a pris effet le 17 mars à midi.

La conclusion présente donc le rassemblement de Mulhouse comme « l’un des principaux foyers du virus en France ».

« En tout, plusieurs centaines de fidèles auraient été contaminés à Mulhouse. Le rassemblement évangélique est l’un des principaux foyers du virus en France. »

Mais Samuel Peterschmitt, pasteur de la Porte Ouverte Chrétienne, lui-même atteint par le COVID-19, rappelle que l’église est plutôt « le seuil d’alerte ».

« C’est nous qui avons donné l’alerte et fait les premiers dépistages. Ce sont les membres de la Porte Ouverte qui ont été les premiers dépistés. Mais il est clair qu’ils n’étaient pas les premiers malades. Seulement les premiers détectés. D’où le fait que nous avons la conviction que nous ne sommes pas le point de départ, mais le seuil d’alerte. »

Il précise que « des patients très suspects du COVID-19 étaient déjà infectés à la fin du mois de janvier et au début du mois de février ».

« C’est établi aujourd’hui de plus en plus clairement, que des patients très suspects du COVID-19 étaient déjà infectés à la fin du mois de janvier et au début du mois de février. À l’appui, il y a l’observation d’une recrudescence de syndromes grippaux. Et à cette période, ces symptômes n’étaient pas perçus comme le COVID-19, mais aujourd’hui, il y a des signes évocateurs, qui étaient déjà signalés, comme la perte de l’odorat et du goût notamment. Et ces malades victimes de la contagion, étaient sans lien, ni entre eux, et sans lien avec l’église de la Porte Ouverte. »

Liliane Held-Khawam est économiste. Elle vient de publier sur son blog le témoignage d’un habitant de Colmar. Elle précise qu’il a été « testé positif au COVID-19 en décembre 2019 ». Ce malade, le « médecin qui a géré le dossier » et « le virologue qui a fait faire le test » restent anonymes pour le moment.

Cet habitant de Colmar âgé de 46 ans dit être « en bonne santé » et ne pas avoir quitté le territoire français dans les 6 mois qui ont précédé l’apparition de ses symptômes.

« J’ai été atteint par le coronavirus début décembre 2019 sans pour autant avoir quitté le territoire français depuis plus de six mois. En date du 3 décembre, j’ai eu mes premiers symptômes qui se sont manifestés par une énorme fatigue, les jours précédents, des céphalées très douloureuses, une baisse de pression artérielle [...], une perte de goût, d’odorat pendant au moins 3 jours, de la fièvre naturellement qui est montée très brutalement et que le paracétamol ne faisait pas beaucoup baisser, aussi des sensations que l’infection descende dans les voies respiratoires, c’est-à-dire larynx, pharynx et poumons. S’en est suivi une surinfection pulmonaire foudroyante au point d’entendre ma respiration siffler, comme si j’avais été asthmatique, et ce en moins de 96 heures. Et tout ça malgré le traitement aux aérosols et antibiotiques prescrit par un ami médecin. Cependant il m’a fallu presque quatre semaines après le 23 décembre pour récupérer mes facultés respiratoires et pulmonaires totales, parce qu’une toux intempestive ne cessait de me gêner. »

L’homme de préciser que son « ami cardiologue » lui a permis d’avoir « le diagnostic d’un autre ami virologue ».

« Je remercie mon ami cardiologue qui m’a prodigué le diagnostic d’un autre ami virologue travaillant dans une entreprise pharma très réputée, pour m’avoir confirmé mon infection par virus. Il y a plusieurs examens dont un PCR et plusieurs autres examens poussés. »

Nous avons contacté ce témoin par téléphone. Il évoque plusieurs risques à l’origine de sa contamination, dont la présence de nombreux touristes chinois au marché de Noël de Colmar, mais aussi le retour de Chine de sa mère et de son beau-père, à qui il a fait garder son fils. C’est d’ailleurs son fils qui est tombé malade en premier. Le témoin évoque deux semaines de symptômes grippaux.

« Il n’a pas eu de sifflement des poumons. Ça s’est manifesté comme une grosse grippe pendant 15 jours. [...] C’était plus long que d’habitude mais ça n’a pas été si violent que chez moi. »

Quand il évoque sa propre maladie, le témoin affirme « je n’ai jamais vu un truc pareil ». Il précise que le cardiologue parle de « signes pneumopathiques inhabituels ».

« J’ai commencé à m’inquiéter parce que la fièvre restait élevée. [...] Au radio scanner des poumons, j’avais 5 tâches, 4-5 tâches sur les poumons. [...] Je ne m’attendais pas à être foudroyé de cette manière-là. [...] Ça a été énorme. [...] Une respiration coupée, une respiration sifflante comme ça, je n ‘ai jamais eu. [...] Ça a été foudroyant. Ça a été très, très, très violent. »

Le témoin évoque ensuite plusieurs personnes de son entourage qui ont été malades, dont une pharmacienne et un dentiste.

Pour Liliane Held-Khawam, ce témoignage « revêt une importance capitale ». Entre autres raisons, parce qu’il a été testé positif, que son infection « remonte à novembre 2019, si l’on prend en compte la période d’incubation de 14 jours », et qu’il n’a « pas quitté le territoire français durant les 6 mois qui ont précédé son infection » et ne peut donc pas être le « patient zéro ».

L’économiste affirme alors sur son blog :

« Le virus était donc déjà présent sur sol alsacien/français. La gestion de l’épidémie a démarré avec des mois de retard. »

Doit-on donc toujours considérer le grand nombre de cas confirmés liés à la Porte Ouverte Chrétienne comme « une espèce de bombe atomique qui nous est tombée dessus » ou bien, au regard de ce nouveau témoignage, comme « le seuil d’alerte » révélateur du début de la pandémie en France ?

La Rédaction

Crédit Image : 2017 Porte Ouverte Chrétienne © Nathalie Schnoebelen – Wikimedia CC4


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